Chapitre 6 : Le Jardin des Ombres dansantes
En entrant dans ce nouveau monde, Ibranou et Toupic se retrouvèrent dans un endroit envoûtant : le Jardin des Ombres dansantes. Tout y semblait irréel. Les arbres étaient faits de lumière, et leur ombre formait des silhouettes mouvantes, comme si elles dansaient dans un ballet silencieux. Le murmure des vents portait une mélodie douce, presque hypnotique.
Au centre du jardin se trouvait une pierre gravée d’un symbole étrange : une lune entourée d’une chaîne brisée. Une voix éthérée s’éleva autour d’eux, résonnant comme une cloche lointaine :
« Pour briser les chaînes de Sélina, vous devez rassembler les éclats de son essence, éparpillés dans ce jardin. Mais prenez garde, chaque éclat est gardé par une ombre, et seules vos vérités les plus profondes pourront les dissiper. »
Toupic, d’habitude si bavard, murmura nerveusement :
« Je n’aime pas ces ombres, Ibranou. Elles bougent trop… vivantes. »
Sans hésiter, Ibranou s’avança. Les éclats de lumière, semblables à des fragments d’étoiles, scintillaient entre les racines des arbres. À chaque fois qu’il s’approchait, une ombre surgissait, prenant des formes étranges — tantôt un loup rugissant, tantôt un gigantesque oiseau noir.
Les ombres les défiaient avec des questions énigmatiques :
Première ombre :
« Qu’est-ce que tu crains le plus, explorateur ? »
Ibranou sentit son cœur se serrer. Il pensa à sa peur de l’échec, de décevoir ceux qu’il aimait. Mais il leva les yeux et répondit avec honnêteté :
« Je crains de ne pas être assez fort, mais cela ne m’empêchera pas d’essayer. »
La première ombre s’évapora, laissant derrière elle un éclat brillant qu’Ibranou plaça dans un sac magique qu’il avait trouvé dans la boîte de son grand-père.
Deuxième ombre :
« Qu’est-ce que tu désires plus que tout ? »
Cette fois, Ibranou prit un moment pour réfléchir. Il pensa à l’aventure, au mystère, mais aussi à l’envie de rendre le monde meilleur.
« Ce que je veux, c’est découvrir la vérité et utiliser ce que je trouve pour aider les autres. »
Encore une fois, l’ombre disparut, libérant un autre éclat.
Troisième ombre :
« Qui es-tu, vraiment ? »
Cette question plongea Ibranou dans un silence profond. Qui était-il, au-delà du simple explorateur ? Il réalisa que la réponse n’était pas une certitude, mais un voyage.
« Je suis Ibranou, et je suis en train de le découvrir. »
La dernière ombre s’évanouit, et le jardin s’illumina complètement. Les trois éclats fusionnèrent dans une lumière éclatante qui forma une petite sphère, pulsant doucement comme un cœur. Elle semblait vivante.
Toupic, ébloui, fit un petit saut de joie.
« Bon, ça c’était impressionnant ! Mais… qu’est-ce qu’on fait avec ça ? »
Chapitre 7 : Le Chant des Lunes
La lumière guida Ibranou et Toupic jusqu’à une clairière où une gigantesque arche de cristal s’élevait, incrustée d’étoiles scintillantes. En son centre flottait une image de Sélina, enchaînée dans une prison de lumière froide.
Une inscription apparut soudain sur l’arche :
« Le chant des lunes doit être complet. Pose l’éclat au cœur du ciel et chante la vérité des étoiles. »
Ibranou leva la sphère lumineuse, qui s’éleva dans les airs et se suspendit au sommet de l’arche. Un son mélodieux emplit l’air, comme un chœur de milliers de voix. Mais quelque chose manquait. Les chaînes de Sélina ne bougeaient pas.
Toupic pencha la tête.
« Peut-être que… tu dois chanter ? »
« Moi ? Mais je ne sais pas chanter ! » protesta Ibranou.
Cependant, il comprit que ce n’était pas une chanson ordinaire qu’on attendait de lui, mais un chant qui venait du cœur. Fermant les yeux, il pensa à tout ce qu’il avait traversé : ses peurs, ses espoirs, ses rêves. Il laissa échapper un murmure, qui devint peu à peu une mélodie. Ses paroles parlaient d’équilibre, de lumière et d’ombre, de courage et de découverte.
Les chaînes de Sélina commencèrent à se fissurer, une lumière douce s’en échappant. Puis, dans un éclat final, elles éclatèrent, et la lune disparue s’éleva dans le ciel, brillant d’un éclat doré.
Chapitre 8 : Le Retour des Lunes Jumelles
Le monde vibra alors que Luma et Sélina se rejoignaient enfin dans le ciel nocturne. La lumière des deux lunes baignait le monde entier, apportant une magie nouvelle et une paix qu’Ibranou pouvait sentir jusque dans son cœur.
Un portail réapparut devant lui, prêt à les ramener chez eux. Avant de le traverser, une voix douce, semblable à celle de la carte, lui parla une dernière fois :
« Tu as ramené l’équilibre, jeune explorateur. Mais n’oublie pas, l’aventure ne s’arrête jamais. Les étoiles elles-mêmes pourraient un jour te guider vers un nouveau mystère. »
Ibranou sourit, tenant Toupic dans ses bras.
« Alors, Toupic, prêt pour la prochaine ? »
L’écureuil roula des yeux, mais son sourire montrait qu’il était aussi enthousiaste que son ami.
Ainsi, Ibranou rentra dans son village, non plus comme un simple explorateur en herbe, mais comme celui qui avait résolu le Mystère des Lunes Jumelles, prêt à écrire le prochain chapitre de son histoire… et peut-être, celle du monde.